Voilà un album malheureusement méconnu de 2010. Un an après sa sortie, Get Color des géniaux Health était remixé par la fine fleure de l’électro actuelle. De quoi faire mieux que l’originale ?
Pour Health, c’est donc devenu un passage obligé que de publier un remix de son album. En effet, le premier disque du groupe avait lui aussi eu le droit au même processus avec le précédent Disco qui contenait une des meilleures chansons des années 2000 « Crimewave », fruit de la rencontre de deux des meilleures groupes de ces mêmes années : Health donc et Crystal Castles. Mais tout cela s’avère en définitive assez logique tant les albums de Health appellent intrinsèquement leur remix. Car les chansons des 4 de Los Angeles semblent plutôt être des destructions de chansons. A la fois rugueuse et mélodique, elles ne choisissent jamais entre la voix monotone du chanteur et le son volontairement sale des synthés et guitares, haché de silence. Le tout est à la fois atonal, désynchronisé et rythmé. Charge aux remixeurs de dénicher les chansons potentielles cachées au sein de Get Color.
Si le concept de remix apparaît souvent comme un procédé commercial utilisé par la maison de disque pour rentabiliser un album, il est important de préciser qu’Health sont ici parties prenantes et ont curaté eux-mêmes cet album. Et la liste des invités démontre une fois de plus leur bon gout. Parcourir la liste des groupes présents, c’est presque donner le 11 idéal de l’électro actuel : en commençant par Crystal Castles, de nouveau convié, auquel s’ajoutent le très 90’s Pictureplane, la révélation Javelin, les grands espoirs Salem, les insouciants Small Black, le très polyvalent Gold Panda et d’autres. Chacun impose son style reconnaissable entre tous et les chansons de Get Color en sortent entièrement changés, certaines étant même remixées plusieurs fois sans qu’aucune répétition ne soit perceptible. Un point commun à l’ensemble des morceaux de Disco 2 reste tout de même l’effacement des guitares.
Une wunderteam sous l’œil d’un entraineur magicien
Crystal Castles étaient évidemment très attendus après leur premier essai parfaitement réussi. Leur remix de « Eat Flesh » surprend à l’instar de leur dernier album. Cette fois, ils ne signent pas le tube du disque mais ce n’était pas l’intention du duo canadien. Leur version fait ressortir une ambiance fantomatique, glacial, proche de leur « Celestica », et très radical, avec une batterie restant très présente et un bip strident. Un très beau morceau de ghost-wave. Dans la même veine, les incroyables Salem plongent « In Violet » dans leur chaudron mêlant dubstep hanté et ambiance de cryptes.
Ces deux chansons ne doivent pas faire croire que Disco2 a une teinte sombre d’ensemble, au contraire une de ses qualités tient à la diversité des styles. Ainsi Javelin, Small Black et CFCF livrent des remixes pop et tropicaux. « In Heat » revue par Javelin, voilà peut-être le tube incontournable de cet album, endiablé et léger, bref jouissif. Pictureplane, quant à lui, passe le tube de Get Color, « Die Slow », à la moulinette pour en faire un vrai hit rave. Mais la transformation la plus radicale, c’est Gold Panda qui l’assure, « Before Tigers » étant transsubstancé en une chanson instrumentale totalement démente. A part ça, on trouve de l’assez bon (Little Loud), de l’intéressant (la présence de Blindoldfreak plus habitué aux drones), mais aussi du putassier avec Tobbaco, seul maillon faible de cette équipe de rêve, qui a le mauvais gout d’envoyer du beat lourdingue et fait ressortir la voix du chanteur de Health comme si c’était Thom Yorke (Argh !).
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